Votre humble Frénégonde a passé trop de temps à essayer d'être ce qu'elle n'était pas, pour le bonheur des uns et des autres. Trop de temps également passé à fuir les choses pour ensuite les regretter, leur courir après. Oui j'aurais pu, être quelqu'un d'autre, vivre ailleurs, avoir une vie plus ci, moins mie. J'ai dit des choses que j'ai regrettées, d'autres pas, d'autres que j'ai tues, à tort peut-être. J'ai fait des erreurs, de mauvais choix (si tant est qu'un jour on m'aie laissé faire des choix). Je pourrais être moins ceci plus cela...
Je l'admets bien volontiers gentes dames et nobles damoiseaux.
Sauf que tel n'est pas le cas, vous m'en voyez fort marrie. Et tout cela donne un étrange mélange qui compose votre bien aimée Frénégonde.
Comme donc l'acceptaton est inévitable, autant qu'elle arrive tôt que tard. A compter de ce jour je m'habillerai donc comme je l'entends, m'accessoiriserai comme je l'entends, et me maquillerai de même, histoire d'enfin avoir l'air de quelqu'un qui me ressemble. Et quitte à être un individu proche de moi-même, autant me comporter comme tel, au diable la langue de bois et l'avarice, par la même occaison. Fort peu me chaut si cela ne vous sied guère.
Crise de femme enceinte me direz-vous? Que nenni, émancipation !
Me voilà donc recentrée sur moi-même.
Hers, faithfully
Frénégonde
Crédit image : Victoria Frances, "Libera me"