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Ah le XXIeme siècle, la 4G, la fibre optique le "Monde connecté" et... ses préjugés à la manque.
Vous pourrez donc sans doute m'aider à répondre à une question qui me turlupine relativement fréquemment ses derniers temps : pourquoi la mère au foyer est-elle considérée comme une espèce rare de débile mentale ?
Votre douce (qui a dit "il manque amère pour que ce soit complet ?") Frénégonde a pu constater à maintes reprises que la réponse "je m'occupe de mes enfants" à la question "vous faites quoi dans la vie ?" provoquait bien (trop) souvent chez mon interlocuteur une espèce de roulement d'yeux navré au pire, compatissant au mieux. Comme si ne pas avoir d'emploi (notez que je n'ai pas dit "ne pas travailler") était une sorte de dégénérescence mentale. Même John-Linus, ma douce moitié a une fâcheuse tendance à me parler doucement, comme si j 'étais un peu débile, voyez-vous ? Ou à m'expliquer des choses ultras simples, niveau CP.
Ma question est la suivante : pensez-vous sincèrement que TOUTES les mères au foyer ne font ça que pour profiter des allocations (si si, je vous ai entendu, vous l'avez pensé) et parce qu'elles ne sont pas intellectuellement capables de faire quoique ce soit d'autre ? Ou alors considérez-vous que le fait d'arrêter même temporairement la vie active nous a fait fondre le cerveau ?
Je dois avouer que des mères indignes qui enchaînent les bébés à outrance pour ne pas s'en occuper mais ainsi toucher les subsides de l'Etat, tout le monde en connaît, moi la première. En outre elles pullulent dans les émissions des chaînes hautement culturelles (oui vous savez la chaîne à trois lettres et deux chiffres) elles feraient passer Forrest Gump pour un grand intellectuel elles se sont fait engrosser par le premier manant venu. Elles s'affichent mères parfaites quand leur seul centre d'intérêt est leur petite et inconséquente personne, bref, des béotiennes d'un fort beau gabarit.
Mais... ne sont-elles pas l'arbre qui cache la fôret ? Il est déplorable que les mères intellectuellement pourvues (j'en connais si, si promis) et qui veulent simplement profiter de leurs enfants pâtissent de cette image d'incapable collée aux mères au foyer. Petite mise au point : on peut vous parler philo, politique, société, économie, sociologie même, tout en essuyant les fesses de Cunégonde d'une main, cherchant le doudou de Franz Ferdinand des yeux écrivant un texto à John-Linus pour lui communiquer une info capitale de la deuxième main, le tout en étant à l'heure pour l'école. Faire la cuisine, gérer une bataille rangée pour un Lego être la super héroïne qui fait passer le hoquet de Monsieur premier, retrouver le tee-shirt perdu de notre aîné euh mari de 29 ans qui a une mémoire très très sélective, épauler une amie dans le besoin sur facebook le tout en MEME TEMPS. Donc quand j'entends une espèce de décérébré notoire me lancer en pleine figure "de toute façon t'es toujours en vacances" je suis partagée entre l'envie de l'énucléer avec la petite cuillère que je tiens fort opportunément à la main ou de lui dire "mais je t'en prie, vis une semaine dans mes baskets (taille 35/36 si tu l'oses) et on verra si tu as toujours l'impression d'être en vacances".
En bref, ce n'est pas parce qu'une femme décide de se consacrer à ses enfants qu'elle n'a pas les moyens intellectuels de faire autre chose, ou qu'elle n'a aucune personnalité ou que c'est une douce épouse soumise. On peut aussi tout simplement vouloir profiter pleinement de nos bébés dinosaures de leurs nez qui coulent de leur 3000 "Maman !" à la seconde, des mélodrames, des crises de nerfs enfin toussa toussa quoi.
Je vais donc de ce pas me demander si le noumène philosophique de Kant est toujours transcendental...
Yours, faithfully,
Frénégonde