Maman de son état, la douce Frénégonde est une mère certes "motherfuckin' incandescente" mais non parfaite, loin de là, voire indigne à en croire ma douce, tendre et fort diplomate moitié.
Et les mères parfaites sortent par mes fort beaux yeux. La mère parfaite, qu'est-ce à dire que ceci ? La mère parfaite a tout lu, tout vu, tout entendu sur ce merveilleux moment qu'est la grossesse et, suite logique, la parentalité. La mère parfaite achète le meilleur pour son bébé (non, soyons réalistes, la mère tout court achète le meilleur pour son bébé, il me faut à juste titre balayer devant mon auguste porte). Mais la mère parfaite achète toujours MIEUX que vous. Que voulez-vous, elle est parfaite.
Elle est en outre dotée d'un fabuleux esprit de compétition, et de rejetons confinant au génie... A les entendre leur progéniture, à peine démoulée, parle, tente de marcher s'habille en 16 ans a 3 mois, et l'expose à qui veut l'entendre. Son enfant est toujours plus grand, plus doué, plus merveilleux que le vôtre. La mère parfaite n'a pas vraiment intégré le fait qu'on s'en tamponne relativement sévèrement. A croire qu'elle essaie de vous refiler des complexes, pauvres hères de sous parents que vous êtes.
Elle trouve tout absolument meeeeeeeeerveilleux, fait profiter les réseaux sociaux de sa grossesse minute par minute (pour ne pas dire seconde par seconde) et ce, dès la découverte du Saint Graal, aussi connu sous le nom de test de grossesse urinaire positif. Grossesse qu'elle a forcément difficile et éprouvante (c'est une femme très à plaindre voyez-vous?) mais malgré tout tellement merveilleuse. La mère parfaite aime être vue comme une mère courage, c'est trop hype. Elle connaît "J'attends un enfant" et "J'éleve mon enfant" de Régine Pernoud par coeur, parce que oui, élever un enfant, c'est écrit dans les livres. Elle est un gentil mouton, en fait, cherchant à produire un merveilleux bambin formaté à souhait petit camion tutut pour les garçons petite robe de princesse tirlibibi pour les filles (la théorie des genres, tell 'bout that... et je suis mariée a un Italien du Sud -profond-, je maîtrise mon sujet, et pourtant... là n'est pas la question)
A ses heures perdues, la mère parfaite est médecin (non, pas la mère ninja hypocondriaque qui fait du système D en essayant de trouver ce qu'a bébé, non LA VRAIE). Elle sait toujours tout mieux que les médecins, qui ont fait 10 ans d'études mais c'est pas bien grave, qu'importe, elle prend la liberté de ruiner l'équilibre alimentaire de sa douce progéniture sur des suppositions. (nous ne parlons encore une fois pas de l'instinct maternel qui nous fait dire "non la il y a un VRAI truc qui cloche, cherchez encore msieur le médecin") . Et "quand elle est fatiguée d'inventer des maladies à son enfant, elle en invente au vôtre" (citation de Dame Jea, philosophe du XXIeme siècle ou je ne m'y connais pas, foi de Frénégonde). Les pédiatres et les médecins, c'est mainstream, vive Doctissimo.
La mère parfaite a un intérieur impeccable quel que soit son nombre de rejetons. Comprenez bien braves gens sous intelligents, ses enfants mangent proprement a 6 mois, ne bavent jamais, ne vomissent pas et, bien évidemment, ne font pas caca. Faire caca, c'est sale. Leurs petits génies ne détruisent rien non plus, je commence à songer que ces enfants là viennent d'ailleurs... (je vous passe le comparatif avec Ultrogoth Destruction et Adalbert Désolation, respectivement 1 et 3 ans, qui font de ma vie et de mon intérieur le plus doux des Enfers cataclysmiques, mangent de la Terre et sucent des feutres, gribouillent les murs, urinent sur le canapé et étalent leur nourriture prédigérée a qui mieux mieux sur le magnifique linoléum gris crotte de mouche de mon luxueux HLM)
La mère parfaite à une vie sociale merveilleuse, des loisirs, un teint frais et une vie "so épanouissante" dont elle nous rebat les oreilles à longueur de temps, même si, encore une fois, elle ne l'a pas compris, on s'en badigeonne le nombril avec le pinceau de l'indifférence, pour ne pas dire qu'on s'en tape. Les cernes, le nez dans les couches et la tenue de combat "maman est confortable pour affronter le vomi" ? Très peu pour elle, elle se veut pimpante, câlins, bisous et fiesta dès les premiers mois. J'ai personnellement traîné mes pyjamas, mes cernes, mon fasciès fatigué et non maquillé ainsi que mon néant absolu de vie sociale pendant des mois... c'est le jeu ma pauvre Lucette !
Last but not least, la mère parfaite est DI-PLÔ-MEE (repeat after me) si, si. Elle l'affiche, le tartine le sur-répète, c'est connu, pour être mère il faut un diplôme d'Etat. Sa maison est une crèche et "j'applique plein de gentilles méthodes qui font que mon enfant est plus éduqué comme un caniche que comme un être humain". Bizarrement, j'en connais des Mamans estampillées CAP petite enfance (dédicace à Dame C. qui signe là sa première apparition sur ce blog), qui n'en font pas tout un plat et qui sont des Mamans rocks, pas prises de têtes... Et avec des chouquettes so rock'n'roll. mais Diantre, que faisaient nos grand mères sans diplômes ?
Le débat qu'on est en droit d'ouvrir est le suivant : "la mère parfaite, est-elle un être humain" ? Ne voyez dans ce modeste pamphlet aucune jalousie, je laisse les mères parfaites à leur morne et plate perfection et à leur happiness de Bisounours sous acide, et reste intimement convaincue que ce qui rend la vie (de mère) intéressante, ce sont ses imperfections.
Yours, faithfully,
Frénégonde